Vous vous souvenez de la rubrique "la main tendue" dans Femme actuelle ? Tout adolescent capable de faire du mauvais esprit a forcément ricassé nerveusement en lisant ces pages qui ont marqué l'histoire de la presse. Globalement, deux ou trois courriers trustaient une double page pour démontrer au lecteur que toute la misère du monde se trouvait à sa porte.

"Precious", c'est la main tendue cinématographique : Noire, Obèse, enceinte de son 2e enfant à 17 ans, violée par son père et par sa mère, cette mère de trisomique découvre sa séropositivité au même moment qu'elle apprend à lire ( à 17 ans, donc).

Je cherche, je crois que je n'ai rien oublié. On n'est pas étonné d'apprendre que le film a rencontré des difficultés à trouver des producteurs. Du coup, youplà, Lenny Kravitz (plus  beau que jamais) et Mariah Carey (moins moche que d'habitude) apportent la touche glitter au film. De là à être sûre que c'est un casting de bon goût, il y a un gouffre que je ne franchirai pas.

Pourtant, je n'ai pas détesté, même si je ne suis pas fan du concept "film qui fait pleurer". Le talent  de Lee Daniels réside dans cette aptitude à ne pas répéter le malheur et à organiser un enchaînement des mauvaises nouvelles qui semble presque naturel. C'est là qu'on touche au désespoir : le pire devient normal, la dégradation, la seule évolution possible.

Mettre en scène un scénar aussi pompier avec tant de vigueur et de nervosité relève du tour de force. Si je n'ai pas été touchée par "Precious" comme je l'avais été par "Submarino" , ça reste un bon film qui mérite qu'on y passe une heure et demie.